Kims Premium

Le Premium Kimchi : Un marché hors norme

Je n’avais jamais vu une anomalie de prix aussi marquée. En 2024, le Bitcoin s’échangeait jusqu’à 10 % plus cher en Corée du Sud qu’ailleurs. Ce n’est pas de l’arbitrage — c’est la psychologie collective qui se traduit en cours.

Quand on parle de « premium », pensez moins à une pénurie qu’à une identité nationale en crise. Ce n’est pas seulement l’argent qui cherche des rendements : c’est toute une société sous pression, écrasée par l’immobilier bloqué, les bourses stagnantes et la peur d’une richesse perdue.

Et oui, j’utilise le mot « échappatoire » au sérieux. Pour des millions de Coréens, la crypto n’est pas seulement un investissement : c’est de l’espoir codé dans un algorithme.

Pourquoi la Corée ? Pas le Japon (Spoiler : ce n’est pas culture)

Soit dit en passant : le Japon a une meilleure infrastructure, des institutions solides et plus de capitaux. Alors pourquoi est-ce que Séoul brille tandis que Tokyo reste prudent ?

La réponse ? La distrust. Les épargnants japonais ont confiance dans le yen — même quand il chute. Les investisseurs coréens ? Ils ne croient plus que leur monnaie les protégera contre l’inflation ou la dévaluation.

Ensuite, il y a le besoin de rendement. Avec des taux fixes à peine au-dessus de 3,5 %, épargner signifie perdre chaque jour — surtout quand un café coûte 15 % de plus qu’en 2023.

Alors ils changent : vers des actifs volatils qui promettent une performance… ou du moins l’illusion du contrôle.

Contrairement au Japon avec son philosophie du « slow grind » (ikigai), la Corée vit au rythme effréné du pplllyeo-pplllyeo — « vite, vite ». Si vous misez sur votre avenir, faites-le sur quelque chose qui bouge maintenant.

Derrière les chiffres : une nation dans ses portefeuilles

On parle souvent de 25 millions d’utilisateurs crypto — la moitié de la population. Mais ce que peu comprennent :

• Les jeunes : 18,6 % ont moins de 20 ans ; ils ne font pas juste apprendre — ils opèrent quotidiennement.
• Les seniors : Plus de 60 ans ? Beaucoup détiennent massivement du BTC comme assurance retraite.
• Femmes en hausse : Les femmes âgées entre 35 et 55 ans représentent désormais des flux importants — non pour le statut, mais pour préserver leurs avoirs.

Un marché à double couche : les jeunes poussent la volatilité et le FOMO ; les anciens apportent stabilité grâce à leurs fonds profonds.

Encore plus significatif ? Plus de la moitié des traders actifs utilisent encore des plateformes centralisées (CEX), malgré la tendance mondiale vers le DeFi. Cela montre combien clarté réglementaire reste cruciale — même si elle entraîne centralisation et problèmes techniques.